Posté le 30 décembre 2016 - par critiques2radis
Critiques cinéma (Archives): Whiplash
Tant encensé par la presse spécialisée que par le spectateur lambda, Whiplash est le second film réalisé par Damien Chazelle. Ce film est au départ parti d’un simple court métrage présenté au Sundance Film Festival (le principal festival des films indépendants aux États-Unis, créé par Robert Redford lui-même). Il remporte le premier prix, ce qui permet au réalisateur d’acquérir suffisamment de fonds pour en faire un long métrage. Mais de quoi parle ce film ?
C’est l’histoire d’Andrew Neiman (incarné par Miles Teller), jeune batteur antipathique de 19 ans, intégré dans l’une des meilleures écoles du pays : le Shaffer Conservatory de New York. Le jeune homme n’a qu’une idée en tête : devenir une légende de la musique du jazz. Récompensé par son travail acharné, il sera repéré par Terrence Fletcher (J.K Simmons), professeur craint et admiré du conservatoire, reconnu comme étant tyrannique et élitiste au possible.
C’est grâce à l’interprétation de J.K. Simmons (qui lui vaudra le golden globe du meilleur second rôle et l’oscar du meilleur second rôle de 2015) que le film est particulièrement jouissif. Qu’il s’agisse de ses remarques cinglantes, de ses sarcasmes incessants ou de son ironie constante, ce personnage est drôle par sa cruauté et son cynisme, bien que malheureusement cela participe au principal (et unique?) défaut du film. Pour ce qui est de Miles Teller, plus difficile de se prononcer. Il est tout aussi odieux et monstrueux, mais celui-ci n’a pas le petit côté mordant et paradoxalement sympathique de son professeur. Et bien qu’il joue parfaitement son rôle, il reste assez difficile de l’apprécier et de s’identifier au personnage (chose dérangeante pour un personnage principal mais cela ne vient pas entacher le film pour autant).
Le film comporte deux thèmes principaux. Le premier thème est tout simplement génial et est pourtant assez peu exploité dans le cinéma (alors qu’il est lui-même concerné). Il s’agit du sacrifice à l’Art. Toute personne qui s’est un jour ou l’autre donné à un art (qu’il s’agisse d’un instrument de musique, de la peinture, de l’écriture…), sait de quoi il en retourne. C’est un combat perdu d’avance, une quête de l’excellence, de la perfection, de la discipline, du sacrifice de soi, l’idée de ne jamais être assez bon, jamais être assez doué, d’essayer envers et contre tout d’atteindre sans relâche un but pourtant impossible.
Les personnages dans le film font preuve de cette abnégation tant au niveau de leur vie privée qu’au niveau de leur santé physique et psychique. Qu’il s’agisse pour l’élève dans son ardeur à s’entraîner jusqu’au sang et à annihiler tout autre aspect de sa vie, ou pour le professeur dans son zèle et sa rage à rechercher depuis des décennies ce jeune prodige fantasmé.
Le second thème est intrinsèque au scénario du film. Il s’agit du rapport maître-élève, d’une confrontation d’amour et de haine mutuelle, destructrice et pourtant nécessaire à ce dépassement de soi.
Malheureusement, le film n’est pas parfait et en fait parfois beaucoup trop, tant dans le caractère des deux personnages que dans les péripéties qui surviennent. Ce manque de finesse jure avec le reste du film qui fait preuve d’une remarquable subtilité (le film s’arrête au moment parfait). Bref, à voir absolument pour les personnes sensibles à ses thèmes et aux films qui ont quelque chose d’intéressant à raconter, pour tous les autres il y a Into the Woods.
Le Radis Noir masqué
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